Les candidats, les premiers, se sont saisis de ces nouveaux réseaux sociaux et applications pour leur recherche d’emploi. Ils souhaitent montrer aux recruteurs leurs talents sous un autre jour via ces réseaux. Sur Instagram, Brice Tincelin, 24 ans, a ainsi découpé son CV en petits carrés dynamiques pour s’adapter au format du réseau social sur lequel l’image est reine, comme le détaille Clémence Boyer dans Les Échos. Pour Snapchat, c’est l’américain Elski Felson qui a ouvert le bal, pour postuler… chez Snapchat évidemment, comme le raconte un article du Figaro Étudiant. Aucun article ne semble raconter la fin de l’histoire. C’est sur le profil You Tube de l’intéressé que l’on apprend qu’il n’a jamais eu de réponse de Snapchat, mais qu’il a grâce à son initiative noué de nombreux contacts professionnels.
Des candidats pionniers
En France, c’est le CV de Charlotte Rozé envoyé à l’agence Marcel que la presse a relevé, comme ici dans le Figaro Étudiant avec une interview de la chef de projet digital en herbe. Un détail qui n’en est pas un : impossible sur Snapchat de tchater ou de partager des vidéos avec un contact qui ne vous suit pas. Alors c’est sur Twitter que l’étudiante a interpellé l’agence avec le message ci-dessous.
Hé @marcelagency il paraît que du courrier t’attend sur ton compte snapchat #MarcelAgency#AdopteUneStagiairepic.twitter.com/P8xjd17q4K
— Charlotte Rozé (@Cha_Roze) 18 janvier 2016
Ce montage original et décalé comptabilise 20 000 vues sur Youtube. Pourtant si l’on se fie à son profil LinkedIn, c’est finalement l’agence Nurun qui aurait remporté la mise. Dans la course à la créativité des candidats, Jason Loizeau, étudiant de l’Inseec a pour sa part le premier créé un CV qui emprunte les codes de l’application Pokemon Go. Une candidature pas comme les autres, visible dans cet article du Figaro Étudiant.
Les recruteurs s’y mettent
Début janvier 2016, c’est le réseau Instagram qui permettait de décrocher un poste en or chez Netflix. Le deal ? Publier des photos prises sur les lieux de tournage insolites de ses séries, en Europe. À la clé de cette troisième campagne taguée #grammasters3, un CDD de deux semaines, payé 4000 $, décortique Romain Gaillard dans un article pour L’usine digitale. La campagne est encore visible sur la page de l’article de Glamour dédié au même sujet.
#Netflix vous paye 4000 $ pour prendre des photos #grammasters #Grammasters3 https://t.co/V7aJUqZ2rp #JobDeReve pic.twitter.com/9TmNi4IHdp
— Netflix en France (@NetflixEnFrance) 2 mars 2016
Mais c’était dès janvier 2014, que l’agence DDB Oslo s’était jeté à l’eau pour recruter un créatif sur Snapchat. Le site snapchatpitch.com, désormais fermé, expliquait l’opération. La principale règle : envoyer une vidéo (pleine de créativité de préférence) d’une durée de 10 secondes. À gagner, rappelait Fabian Ropars pour le blog du modérateur, un entretien aux frais de l’agence, mais tout de même pas une garantie d’embauche.
Les grands groupes au taquet
Côté grandes entreprises françaises, ce sont Accenture et Axa qui qui se lancent, analyse Lucas Jakubowicz dans Le Journal du Net. La raison ? 71 % des utilisateurs de Snapchat ont moins de 25 ans, une de leurs cibles clés. Les comptes Snapchat de ces deux grands groupes servent notamment à mettre en avant les collaborateurs de l’entreprise. Axa Banque avait lancé un ballon d’essai lors de l’événement de Rock en Seine en août 2016. Un filtre spécial y était lancé pour faire connaître le stand Rock & Job d’Axa. Résultat : 1 500 vues cumulées. Une réserve cependant pour Jolan Samper, sur le site Carrières Juridiques, sans opérations spéciales pour faire connaître une campagne dédiée, Snapchat ne permet pas d’entrer en contact avec de nouveaux profils, mais seulement de communiquer auprès d’utilisateurs qui suivent déjà l’entreprise.
Snapchat étend sa toile
Mais une solution s’annonce à ce problème : créer des géofiltres (geofilters in english). Clémence Alonzo de Revel, explique tout sur la question dans le blog d’Hootsuite. Le principe est de pouvoir envoyer dans un périmètre et pour une durée donnée des messages aux snapchateurs qui ne sont pas abonnés à votre compte.
C’est évidemment l’entreprise Snapchat elle-même qui montre l’exemple en allant chasser sur les terres de ses voisins de la Silicon Valley : Pinterest, Twitter, Uber et Airbnb, les talents dont elle a besoin détaille un article du Nouvel Observateur. Quelle meilleure méthode pour Snapchat que de chasser ses pépites parmi ses plus fidèles utilisateurs ? Une campagne s’achète à partir de 5 $ (en fonction de la durée et du périmètre). Mais pas de précipitation, la fonctionnalité est aujourd’hui exclusivement disponible aux États-Unis, au Royaume Uni et au Canada.
Tinder et Pokemon Go ne sont pas en reste
Instagram, Snapchat… ce n’est que le début. C’est aussi sur Tinder et Pokemon Go, que les recruteurs tentent de se démarquer, annonce le journaliste Matthieu Hoffstetter dans un article du magazine suisse Bilan. Le recrutement sur Tinder ne fait cependant pas l’unanimité et a déjà recueilli la critique de Fabian Ropars sur Le Blog du Modérateur, qui vilipende le mélange des genres.
#Nantes. « L’entreprise de communication capture les CV avec #PokémonGo » https://t.co/oTyOVAbsi2 via @presseocean pic.twitter.com/qJsm4zLzSi
— The LINKS (@TheLinks) 29 juillet 2016
Pour l’application Pokemon Go, l’une des premières initiatives relayées largement par la presse, comme dans cet article de Cosmopolitan, est celle du cabinet de recrutement international Persuaders RH, en quête d’un chargé de recrutement qui soit accessoirement chasseur de Pokémon.
C’est, dans la foulée, le tour opérateur espagnol Junior Travel qui a fait parler de lui. Il recrutait des chasseurs de Pokemon amateurs… pour les transformer en chasseurs de Pokemon professionnels cette fois, à des fins de visite touristique, comme l’explique Normandie Actu. Il fallait cependant être au niveau 20 du jeu pour postuler. À Nantes, c’est un poste de chasseur de tendances que proposait l’agence The Links. Elle a organisé pour cela une chasse aux Pokemon dédiée en déposant un leurre sur un Pokestop juste au pied de l’agence. Pour toucher la bonne cible, c’est sur les réseaux sociaux, et uniquement par ce canal, que cette campagne de chasse hors-norme avait été annoncée détaille le quotidien Ouest-France.
N’hésitez pas à nous faire part d’autres campagnes innovantes qui vous ont interpellé.
Tous les articles cités sur le recrutement via Snapchat, Instagram, Pokemon Go et Tinder :
Les Échos – 24 novembre 2016 – Clémence Boyer – « Il crée un CV interactif sur Instagram pour trouver un job »
Le Figaro Étudiant – 6 mars 2015 – « Il fait entièrement son CV sur Snapchat pour postuler chez… Snapchat »
Le Figaro Éudiant — Fanny Lauzier – 21 janvier 2016 – « Une étudiante envoie sa lettre de motivation par Snapchat »
Le blog du modérateur – 27 janvier 2014 — Fabian Ropars — « L’agence DDB Oslo recrute un créatif avec Snapchat »
Le Journal du Net – 28 novembre 2016 – « Snapchat, nouvel outil des recruteurs pour séduire la génération Z »
L’Usine digitale – 12 mars 2016 — Romain Gaillard – « #Grammasters3 : quand Netflix vend du rêve pour recruter des followers »
Blog Hootsuite – 7 juillet 2016 — Clémence Alonzo de Revel — « Comment créer un Geofilter personnalisé sur Snapchat »
Le Nouvel Observateur – 17 avril 2015 – « Comment Snapchat drague les autres employés de la Silicon Valley… avec sa propre application »
Le Blog du modérateur – 1er décembre 2015 – Fabien Ropars — « Quand le recrutement innovant va trop loin : Amazon cherche à séduire les ingénieurs sur Tinder »
Cosmopolitan — 27 juillet 2016 — Aurélie Corbin — « Une entreprise recrute un dresseur Pokémon et ce n’est pas un canular »
Normandie Actu – 12 août 2016 — « Pokémon Go. Une entreprise espagnole recrute des guides pour chasser les Pokémons »
Ouest France – 27 juillet 2016 — « Emploi. Quand les entreprises recrutent avec Pokemon Go »
Crédit photo : CC/AdamPrzezdziek