En 2021, l’État français a lancé le plan d’investissement France 2030. L’objectif ? Développer la compétitivité industrielle, investir massivement dans les technologies innovantes et soutenir la transition écologique. Près de la moitié du budget de 54 milliards d’euros est destinée aux acteurs industriels émergents.
Les industries émergentes représentent des secteurs en fort développement, reposant sur des innovations technologiques de rupture. Énergies renouvelables (solaire, éolien, hydrogène vert), biotechnologie (génie génétique, bioproduction, médicaments innovants), nanotechnologies, robotique et automatisation (robots industriels, Internet des objets) … Les exemples ne manquent pas dans le paysage industriel français.
Ces industries d’avenir transforment les marchés existants. Elles créent des emplois hautement qualifiés et attirent des investissements massifs. Rien qu’en France, la filière « Industries des nouveaux systèmes énergétiques » génère près de 41 milliards d’euros de chiffres d’affaires.
Enfin, ces industries émergentes tentent de répondre à des défis du XXIe siècle comme le changement climatique, la transition énergétique ou la recherche de nouvelles solutions médicales.
L’innovation est au cœur de l’ADN des industries émergentes. On parle aussi de Deeptech, ces start-ups qui « changent le monde grâce à l’innovation de rupture ».
Par nature, ces entreprises sont soumises à un haut niveau d’incertitude : il y a peu (ou pas du tout) d’expérience préalable, le cadre réglementaire est parfois inadapté, les garanties de retour sur investissement sont faibles, voire inexistantes. Leurs moteurs résident donc dans leur capacité à innover et à croître rapidement à l’aide de levées de fonds. À titre d’exemple, les start-ups industrielles vertes ont levé près de 1,2 milliard d’euros en 2023, ce qui en fait le secteur émergent le plus attractif.
Pour se développer, ces industries nécessitent des compétences spécifiques, telles que la maîtrise des technologies avancées et une grande adaptabilité. Qu’il s’agisse d’une expertise pointue en IA, en bioproduction, ou en nanotechnologies, le recrutement de talents est l’une des conditions de réussite de ces entreprises. Pour Bpifrance, la recherche de compétences industrielles est l’un des sept besoins prioritaires des industries innovantes.
Les industries rencontrent des difficultés de recrutement plus sévères que d’autres secteurs. Les industries émergentes, en particulier, ont besoin de profils techniques spécifiques : directeurs industriels expérimentés, managers, techniciens ou encore opérateurs capables de gérer et d’entretenir les outils de production et les systèmes d’information.
Toutefois, ces profils sont rares. Par exemple, l’entreprise Ynsect, qui produit des protéines d’insectes, a dû attirer des professionnels disposant de compétences d’innovation sur le vivant, mais aussi d’advanced-manufacturing ou encore de dirigeants expérimentés dans le pilotage de projets industriels d’ampleur.
Les industries émergentes doivent donc participer, comme beaucoup, à une « guerre des talents ». Les profils hautement qualifiés sont souvent déjà intégrés dans les entreprises industrielles traditionnelles. En raison des incertitudes liées aux risques financiers et aux perspectives de rémunération moins attractives, certains hésitent à rejoindre ces entreprises d’avenir.
De plus, contrairement à d’autres secteurs comme le digital, les réussites de ces industries émergentes sont encore rares : il est sans doute trop tôt dans le processus de développement de ces industries pour générer un flux inter-entreprise de talents expérimentés.
Par définition, les industries émergentes ont besoin de compétences nouvelles. D’un côté, le personnel qualifié est déjà insuffisant au sein de l’industrie traditionnelle, du fait de la longue désindustrialisation ayant marqué la seconde moitié du XXe siècle.
De l’autre, les acteurs de la formation professionnelle n’ont pas toujours le temps d’actualiser les contenus afin de proposer une offre modernisée.