La tornade à l’œuvre sur la planète recrutement est encore à venir. Un simple coup d’œil dans le rétroviseur sur ce qui nous semble désormais fort loin, nous remémore les ruptures qui ont déjà eu lieu. Les piles de CV imprimés sur papier tels des fiches explicatives de chaque candidat ont commencé à trembler dès les années 90 avec le 36 15 Cadremploi. Fini le tissage des liens entre candidats et recruteurs au rythme du courrier postal. Le numérique est dans la place et passe à la vitesse supérieure à la veille de l’an 2000 avec le décollage en flèche des premiers jobboard. On en connait aujourd’hui des centaines, à l’image de Monster, Indeed, Jooble, etc. Pas le choix pour les recruteurs que d’apprendre à sourcer avec brio sur ces macro places de marché de l’emploi.
Un monstre chasse l’autre
Les plates-formes du recrutement des années 2000, coqueluches de l’époque, sont elles-mêmes aujourd’hui à la peine. LinkedIn a fait son nid, version XXL. Quand Microsoft annonce l’acquisition de LinkedIn pour 26,2 milliards de dollars, Randstad met la main sur Monster pour 429 millions de dollars. Sur LinkedIn, candidats et recruteurs flirtent à armes égales, chacun travaillant son image pour apparaître sous son meilleur jour. Et demain ? Impossible, soyons clairs, d’imaginer ce qui se passera vraiment en 2050. Mais pour les cinq ou dix prochaines années, scruter les tendances fortes dessine en pointillé le paysage du recrutement de demain.
Des machines chaque jour plus intelligentes
Les systèmes d’informations deviennent chaque jour plus intelligents et apprennent à parler le langage naturel. Le matching va éclore sous la forme de correspondances qui iront bien au-delà du poste à poste ou même de l’association de mots clés. Les algorithmes vont chercher dans tous les items d’un profil de poste les termes associés à l’univers professionnel pour les croiser avec l’expression d’un besoin de compétences.
Un sourcing qui ouvre les écoutilles
La description des missions exercées tout au long de son parcours devient une ressource clé qu’aspirent les systèmes d’information. Pour les entreprises comme pour les candidats, savoir traduire ses activités en textes à valeur ajoutée est plus décisif. La machine n’aura même plus besoin d’un intitulé de poste pour comprendre ce que fait la personne. Tout ce qui est consigné dans un profil permettra de faire émerger et de détecter des potentiels, qui n’auraient pas été pris en compte si l’on se fiait à son seul titre.
Capter les signaux faibles d’un profil à l’écoute du marché
Des comportements inhabituels sur LinkedIn tels que les demandes de contact, avec des professionnels de recrutement entre autres, ou encore une mise à jour soudaine du profil seront identifiés comme des signaux d’un élan à la mobilité. Profil et CV ne font d’ailleurs déjà presque plus qu’un. Tout le monde est un candidat potentiel, tout le temps. Il est de cette façon possible d’être en alerte sur 100 % des profils : ceux en recherche active, ceux à l’écoute du marché et ceux qui ne s’étaient pas posé la question de changer de poste immédiatement. Les profils pertinents sont ainsi poussés naturellement dans le cabas à recruter sans même aller faire son marché.
Prédire sa prochaine étape de carrière
L’exploitation du big data en est à ses prémices. En consolidant une large quantité d’informations, telles que celles de 400 millions de membres pour LinkedIn, les savantes formules seront capables d’identifier des catégories de postes vers lesquelles évolue naturellement un certain type de profil. Il existe une probabilité importante qu’un contrôleur de gestion aspire par exemple à des fonctions de contrôleur financier. C’est au regard de cette trajectoire possible que seront poussés candidats et recruteurs les uns vers les autres. En matière de recrutement, rien n’est écrit par avance, mais le grand brassage de données permet de faciliter les choses.
Votre image de marque entre les mains d’autrui
Quand bien même vos recrutés de demain ne sont pas déjà dans vos couloirs, ils sont peut-être juste derrière la porte d’entrée, connectés aux collaborateurs en place, aux anciens collaborateurs ou à votre réseau de prestataires et clients. Encore faut-il que ces derniers soient expansifs sur l’esprit de coopération stimulant et enrichissant de votre entreprise. Et là, l’ère de l’ultra digital change la donne. Tout se sait, rien ne se camoufle. De la direction générale au guichet d’accueil chacun devient un ambassadeur potentiel de la marque employeur. En son nom sur les réseaux sociaux ou anonymement sur les sites comme Glassdoor, c’est la transparence et la cohérence qui font la différence. Pays par pays, région par région, un faisceau de présomption se dessine. Bruit nuisible ou souffle dynamisant, chaque point de contact avec les candidats comme les collaborateurs est à soigner de près.
Le monde comme terrain de chasse du recrutement
La stratégie de recrutement n’est plus seulement locale mais aussi mondiale : les entreprises développent une stratégie de recrutement nationale, européenne voire mondiale pour chasser les meilleurs talents. Nous assistons à une transformation en profondeur des usages. Aujourd’hui, c’est l’utilisation des outils vidéo comme Skype et demain face à nous un hologramme matérialisera le candidat.
Certaines choses ne changeront pas
Que l’on ne se trompe pas pour autant de cible. La réalité virtuelle, les murs visuels et toute autre installation hype ne sont que des outils qui facilitent la communication et rien de plus. La rencontre candidat/recruteur restera toujours au cœur d’un deal gagnant-gagnant. Le face à face et la fameuse poignée de main sont irremplaçables. En cela pas de surprise. Rien ne sonne, ni ne sonnera, le glas de la relation humaine, plus que jamais indispensable. Les nouvelles solutions augmentent la qualité du sourcing et ouvrent le champ des premières interactions. Elles sont des aides à la décision, mais ne fondent pas le choix opéré.
Une short-list hyper qualifiée en un temps record reste l’œuvre de consultants en recrutement aiguisés et pointus, en prise directe avec les talents. Dans ce tourbillon numérique, le temps de chacun est précieux, toujours plus. C’est en se concentrant sur ses compétences à forte valeur ajoutée que les interactions sont fructueuses et fertiles.
Le recrutement de demain sera celui qui s’inspirera d’une relation honnête et transparente, basée sur le respect mutuel et l’intérêt bien compris de toutes les parties.