Les millenials ou digital natives, regroupent les branches générationnelles Y et Z. Il s’agit des personnes nées entre 1980 et 2000. Connectée, interconnectée, fluide et transparente, comment cette génération se projette-t-elle professionnellement ?
Indiscipliné connecté
Les millenials ont la particularité de n’avoir pas connu la vie sans internet et n’ont pas appris à être connectés : ils le sont de façon innée. Produits d’une génération aussi hétérogène qu’indisciplinée, toujours le smartphone en main, les millenials se savent partout à la fois et capables de se projeter dans un monde autant réel que virtuel, le numérique étant leur arme pour réinventer les modèles économiques de demain. Lors de son intervention au Positive Economy Forum du Havre, Emmanuelle Duez, la Fondatrice de The Boston Project et WoMen’Up, va même jusqu’à décrire une génération omnisciente car le digital lui a permis d’externaliser son cerveau dans sa poche.
Accablée de clichés, la génération Y-Z est souvent accusée par les professionnels d’être feignante, narcissique, individualiste et de ne pas coller au monde du travail actuel. Mais cette hostilité ne résulte-t-elle pas d’une incompréhension générationnelle ? D’un côté une génération carriériste et expérimentée et de l’autre, des jeunes plus tournés vers l’innovation et les nouveaux modes de consommation, notamment l’économie collaborative. La réelle problématique n’est-elle pas alors : comment faire collaborer deux générations qui ont deux visions et deux attentes potentiellement très différentes, mais malgré tout très complémentaires.
Les digital natives regardent l’entreprise d’un autre œil que celui de leurs parents. Alors que ces derniers se faisaient des plans de carrières et restaient attachés à leur entreprise des décennies, les millenials inverseront la tendance en s’inscrivant dans des modes projet ; l’entreprise devra faire avec pour construire sa transformation digitale. Ils en sont les acteurs logiques et légitimes.
Etre son propre patron ?
Souvent taxés de refuser la hiérarchie, les millenials n’y sont pas si hostiles sous réserve qu’on leurs explique et qu’ils en comprennent l’utilité : génération “pourquoi” ou “why” ou “y” (prononcé en anglais). Sans réponse à leurs questions, ils préféreront la voie de l’entrepreneuriat. Selon une étude YouGov pour Monster, en France, 47% des 18-25 ans ont pour ambition de créer leur propre entreprise. Tous futurs créateurs de startup ? C’est évident pour certains, mais pas envisagé pour d’autres. L’entrepreneuriat pour les jeunes est une notion radicalement différente de celle de leurs parents. Pour beaucoup entrepreneur coïncide avec indépendant. L’apparition de plateformes digitales et marketplace n’en sont que des accélérateurs. Et à une époque où l’ubérisation bat son plein, rien de plus simple pour un digital natif de s’appuyer sur des services tels que Hopwork ou Upwork pour développer son activité de freelance. Certains se contentant même d’exercer des fonctions plus ponctuelles telles que Deliveroo ou Helping.
Les millenals savent qu’ils ne savent pas tout, ou du moins qu’ils ne savent pas encore. Leurs vies personnelle ou professionnelle seront un long parcours d’apprentissage. Comme leurs parents ils ont bénéficié d’un long cursus scolaire, mais en ayant conscience que les métiers qu’ils exerceront n’existent pour certains pas encore. Pour pallier à ce manque, ils devront continuer à apprendre en dehors des bancs de l’école. C’est une génération d’autodidactes, qui grâce à son omniscience digitale, se nourrira de Moocs et de Webinar pour un apprentissage continue en fonction de ses besoins et de ses envies.
En quête de sens
Pour l’auteur Simon Sinek, ce ne sont pas les millenials qui sont difficiles à manager mais le choc culturel avec leurs supérieurs qui rend leurs appréhensions de l’entreprise différentes. Leur comportement résulte de l’éducation que leurs parents ont donné. Selon lui, ils cherchent avant tout à avoir un impact dans les entreprises au sein desquelles ils travailleront.
Si le monde du travail ne lui fournit pas le sens qu’il recherche, le millenial ira le chercher tout seul. Sa quête de sens passe par le sentiment de se sentir utile, d’être un maillon indispensable. Le bien-être au travail, de plus en plus prôné par de nombreuses entreprises, ne s’arrête pas alors à de simples avantages matériels, mais réside plus globalement dans un besoin de reconnaissance constant.
Attention à ne pas céder à toutes les exigences d’un millénial, coutumier à avoir tout, tout de suite et peu habitué à la frustration, vous l’aiderez ainsi à atteindre ce qui lui reste à apprendre : la patience.
En trois clics
L’impatience des millenials est corrélée à l’instantanéité que leur offre internet. Dans leur monde, tout est à portée de clic et immédiatement, que ce soit leur prochain repas, leur prochain train, leur prochain job. Ce mode de fonctionnement va forcément à l’encontre du choc de temporalité qui arrive dans de nombreuses étapes de la vie. L’échelle temps de l’entreprise n’est pas la même que celle des salariés et encore moins que celle des millenials: des process de recrutements composés de tests et d’une multitude d’entretiens sur plusieurs semaines ou mois constituent un frein pour les millenials (et pas que…). Trop pressés, les millenials menaceront parfois de faire usage de leur fougue pour atteindre leurs objectifs, mais souvent le réel problème se révélera de lui-même : le millenial a peur de s’ennuyer. A vous de le challenger pour que cette crainte n’arrive pas et surtout qu’elle l’amène à se surpasser constamment.
La société doit donc accueillir les millenials à bras ouverts : ils sont les architectes du monde à venir.